Vivre les saisons

Entre sueur et apprentissage ☀️

Je t’écris en sueur, les volets à moitié fermés, un ventilateur qui tourne désespérément dans un coin du bureau.

Il fait chaud. Lourd. Collant.
Et bien sûr, je râle 🫠

Je me plains parce que mon appartement n’a pas de clim, parce que la nuit je dors mal, parce que la journée, chaque mouvement est un petit effort de trop. Et pourtant, je résiste un peu). Je me dis qu’acheter un climatiseur pour trois semaines de canicule dans l’année, c’est exagéré. J’ai appris ça avec les Français... Mais je sens bien que, d’ici quelques années, avec cette chaleur qui s’intensifie chaque été, je finirai par craquer. Le changement climatique est là.

Et malgré tout, je suis “touchée”. Touchée par ce que ça signifie d’avoir des saisons aussi marquées ! C’est quelque chose que je n’ai pas connu dans mon enfance. Au Brésil, bien sûr, on parle des saisons, on sait quand c’est l’été ou l’hiver. Mais dans la vie de tous les jours, on continue à manger les mêmes fruits presque toute l’année, par exemple. Il ne neige pas, les feuilles ne tombent pas en masse, et le soleil, lui, est toujours là. Au moins à Rio… Il y a un confort dans cette stabilité, mais aussi, peut-être, une sorte de monotonie. Ici, en France, c’est différent. Le temps façonne tout !

L’été, ce n’est pas juste une température. C’est une ambiance. Une lumière. Une odeur. Une lenteur aussi. Et c’est surtout une récompense. Parce qu’on a traversé des mois entiers à grelotter, à vivre enfermés, à manger des soupes chaudes. Et un jour, tout change.

Ce rythme des saisons m’oblige à attendre. À désirer. À me contenter de ce qu’il y a maintenant. Je redécouvre le goût d’un fruit qu’on n’a pas mangé depuis l’an dernier. Je me réjouis de porter une robe légère, de sortir sans veste. Je profite. Parce que je sais que ça ne durera pas. Et dans cette temporalité, il y a quelque chose de très beau, de très juste. Chaque saison nous apprend un mouvement intérieur : l’hiver nous resserre, le printemps nous ouvre, l’été nous invite à ralentir, et l’automne… l’automne nous prépare.

Je dois avouer que, les premières années, l’été en France m’agaçait (et m’agace encore parfois). Pour les adultes, il ne reste souvent plus rien. Les cours s’arrêtent, les assos ferment, il n’y a plus de danse, plus de rythme, plus de rendez-vous. On doit tous sortir en vacances. Mais maintenant, je comprends. On ne fait pas grand-chose parce que, parfois, on ne peut pas. Parce que sans clim, sans ventilateur, sans brise, on n’a tout simplement pas envie de bouger !

Bon, je pourrais aussi parler des transports bondés, du métro sans air, et du parfum assez… brut de certains corps en fin de journée HAHAH. Mais tu vois l’idée. L’été, ici, c’est tout un système. On le subit, on le savoure, on l’attend, on le regrette presque déjà.

Et dans cette expérience-là, il y a quelque chose d’infiniment humain. De voir le monde changer autour de soi, d’y être sensible, de s’adapter. Chaque saison devient un chapitre. Et moi, qui ai grandi dans un pays où les pages se ressemblent parfois, je me surprends à aimer cette histoire qui se réécrit tous les trois mois.

Alors oui, j’ai chaud. Oui, je râle. Mais je suis heureuse d’être là, en train d’apprendre encore une fois à habiter le temps☀️🌴