Tu mangerais des nuggets tous les jours ?

Tu mangerais des nuggets tous les jours ? Ou des nouilles instantanées (famoso miojo)… n’importe quelle nourriture ultra-transformée. Non ? Tu es sûr de cette information ? Et non, ce texte ne parlera pas de nourriture. Pas forcément.

Pendant mon déjeuner, je regardais une vidéo d’une chaîne YouTube que j’aime beaucoup, Ora Thiago (je laisserai le lien à la fin), et j’ai eu envie d’écrire, comme une façon de « partager la parole » sur notre rapport à la consommation. Dans cette vidéo, Thiago parle de notre relation au « contenu » et aussi de ce qu’on appelle exactement « contenu ».

Comme lui, je me retrouve prise dans un système qui reproduit des comportements anxieux et des discussions superficielles auxquelles je n’ai pas envie d’adhérer. D’ailleurs, cette newsletter est née de ce besoin d’écrire et d’établir des dialogues plus profonds que des vidéos d’une minute et demie sur Instagram.

Dans la vidéo, il fait une analogie très juste entre la nourriture et ce qu’on appelle « contenu ». Au quotidien, on veut apprendre sur plein de sujets en consommant des « pilules », c’est-à-dire des vidéos courtes. C’est l’équivalent d’un plat de nouilles instantanées. Facile à préparer, rapide, pratique. Consommer du contenu sur les réseaux sociaux, c’est exactement ça : parler de sujets complexes et profonds de façon rapide et simplifiée.

Que ce soit l’apprentissage des langues, l’écologie, le féminisme, les débats politiques… On cherche à réduire la complexité d’un repas, comme si la rapidité et la praticité étaient les seuls objectifs. Mais on sait que ce n’est pas vrai. Quand tu prends le temps de préparer un vrai repas, avec des amis, de la famille, ou même seul, en choisissant tes ingrédients, en cuisinant avec soin et patience… cette nourriture ne te nourrit pas seulement physiquement mieux qu’un plat instantané. Elle nourrit aussi ton esprit, ton intellect, ton âme.

C’est pour ça que j’ai décidé d’écrire ce texte dans l’intervalle entre un cours et ma séance de thérapie haha.

Il faut laisser du TEMPS à nos réflexions pour qu’elles résonnent, pour qu’elles fassent écho en nous, pour qu’on puisse vraiment assimiler ce qu’on découvre. Je pense depuis un moment à créer un podcast, mais j’ai peur que, en plus de me donner encore plus de travail, ça contribue à alimenter encore davantage l’anxiété ambiante. Un podcast, on l’écoute en faisant autre chose, en lavant la vaisselle, en étant distrait. La lecture, en revanche… Regarde-toi, là, en train de lire ce texte depuis quelques minutes, sans rien faire d’autre.

C’est ça, la grande révolution des livres, non ? Réussir à te captiver, loin de tout et de tout le monde, et laisser le temps aux idées de s’installer dans ton esprit. On a besoin de ce temps pour que les choses prennent sens. Et comme Thiago le dit dans sa vidéo, il faut laisser les choses se connecter : qu’un petit apprentissage, une lecture du jour, reste dans ta tête jusqu’au soir et que, demain, en lisant autre chose, en regardant une vidéo plus longue, en écoutant un podcast ou autre, cette réflexion revienne et vienne enrichir ton regard. Construire peu à peu ta compréhension, ton savoir, ton vécu.

Je ne veux pas être hypocrite. Je produis aussi des vidéos pour Internet et je consomme énormément de contenu. Je ne peux pas non plus dire que je n’apprends rien avec ça. Ma question ici, c’est : à quel point on apprend avec tout ça ? Est-ce que tu te considères capable de sortir d’une vidéo où tu as découvert le début d’un sujet intéressant et d’aller creuser plus loin ? Chercher sur Google, lire une page entière sur le sujet, explorer des thèmes connexes, etc. ? Je ne parle pas d’aller chercher le visage d’une personne dont tu as entendu parler dans un podcast de potins. J’adore les podcasts de potins, ne te méprends pas.

Ma question, c’est : est-ce que tu utilises ces « pilules » comme un point de départ ou est-ce qu’elles sont une fin en soi ? Juste du contenu consommé pour être consommé ? Ne te méprends pas, encore une fois, je ne suis pas parfaite. Moi aussi, je suis happée, engloutie par les réseaux. Mais je pense que la question mérite d’être posée. C’est pour ça que cet espace existe, non ?

Alors, tu fais de vrais repas ou tu ne manges que du miojo tous les jours ?

J’espère que cette lecture t’a un peu nourri·e, mais surtout, en douceur, lentement. En laissant aux choses le temps de résonner dans ton esprit. Compte sur l’oisiveté (ócio) pour ça. C’est dans ces moments-là que les idées naissent. C’est là que le savoir germe. Quand tu as l’impression de ne rien faire et de perdre ton temps, c’est là où tu le gagne.

Vidéo dont j’ai parlé : https://www.youtube.com/watch?v=tXseTtlC5qI&ab_channel=OraThiago